Quantcast
Channel: Yann Eliès – Sous les pavés, la mer
Viewing all articles
Browse latest Browse all 9

Transat Jacques-Vabre : une année dans la vie d’un marin

$
0
0

Gwénolé Gahinet et Paul Meilhat aux côtés des vainqueurs en Imoca, Jean-Pierre Dick et Yann Eliès (de gauche à droite), le 18 Novembre 2017 – Photo Jean-Marie Liot / ALeA / TJV17

Pour certains équipages cette transat Jacques-Vabre signe le début d’un cycle, pour d’autres la fin. Pour Paul Meilhat, c’est un entre-deux après avoir vécu le pire (abandon sur le Vendée Globe) et le meilleur (2e sur la TJV 2017 derrière l’intouchable duo Dick/Eliès sur St-Michel-Virbac). Encore entre terre et mer, le skipper de SMA s’est confié à SLPLM sur son bilan d’une année pas comme les autres.


Cette Transat Jacques-Vabre est l’aboutissement d’une année où tu es passé par plusieurs émotions.

Mon année a commencé au Yacht Club de Tahiti où on a passé le Nouvel An. A ce moment-là, on se projetait déjà sur la Jacques-Vabre. On se demandait quand on allait le récupérer. Le bateau est parti de Polynésie le 9 janvier, on l’a récupéré mi-mars (!) et remis à l’eau mi-avril. On n’a pas eu beaucoup de temps pour le retaper. Depuis le début, on avait prévu de faire deux chantiers. Un rapide pour tester les foils expérimentaux en mai et juin, et un second mi-juin. Le test des foils n’a pas été convaincant.

En mai et juin, on a participé à plusieurs courses notamment le Grand Prix Guyader. C’était la première course de Gwénolé et même si c’était compliqué en performance (5e), ça nous a permis d’apprendre énormément. Après un mois de chantier, le format Guyader était intéressant parce qu’il y a beaucoup de manœuvres. Pour appréhender un bateau, il n’y a rien de mieux. Mi-juin, on a ressorti le bateau après une campagne de VRP pour le remettre en chantier. Un mois, c’était court. Un 2e n’aurait pas été de trop. C’était encore la course contre la montre. On l’a remis à l’eau un mois avant le Rolex Fastnet. A partir de là avec Gwéno, on n’a pas arrêté de naviguer et on a gagné toutes les courses en double, le Fastnet, l’Armen Race et le Défi Azimut. Tout s’est passé très vite.

Et entre-temps, on t’a vu sur le circuit des Diam24.

Oui, pendant la période de chantier, j’ai navigué avec l’équipe Vivacar.fr. J’ai donc fait le GP Guyader en Diam et en Imoca. J’ai également fait le GP de l’Atlantique à Pornichet, le Spi Ouest-France et le début du Tour de France à la voile. Les deux plannings étaient complémentaires et c’était très intéressant de changer de support et de temporalité. C’était une première expérience en multicoques. J’ai navigué avec un équipage très intéressant, Mathieu Souben, Frédéric Moreau, Malo Bessec, Didier Le Vourch et Christian Vaudelin. J’ai pu recroiser mes copains tahitiens qui m’ont offert le privilège d’être parrain d’un bateau pour la première fois. Ce n’est pas rien ! Le Diam un bon moyen de se vider la tête après un Vendée Globe, d’être sur quelque chose de plus court et réactif. Tu grées le matin, tu pars régater et tu rentres. Ça change des projets dans lesquels tu te projettes sur plusieurs années avec des chantiers d’un mois. Là, on est dans quelque chose de beaucoup plus instantané.

Comment as-tu vécu ce retour de Vendée Globe ?

Ça faisait deux ans déjà que ce projet SMA était lancé avec comme objectif le Vendée. Une fois que ça se termine, par abandon ou pas, ça laisse un grand vide au skipper, à l’équipe technique et au sponsor. Dès Tahiti, on s’est dit « maintenant on passe à la Jacques-Vabre ». Gwéno a servi de déclencheur. On s’est concentré dessus. L’équipe technique a tout donné, ses soirées et ses week-ends, sur des chantiers très courts pour que le bateau soit prêt. Alors finir la Jacques-Vabre et en plus arriver 2e, c’est très positif. On a réussi à rebondir après un échec et il n’y a rien de plus valorisant. Pour moi, le Vendée n’est pas un échec. Il y a eu 52 jours de navigation qui m’ont permis de progresser et d’être performant sur cette transat.

Pour un sponsor comme SMA, pour qui c’était la première fois qu’ils sponsorisaient un projet voile, ça s’est passé comment ?

Il faut faire de la pédagogie avec un nouveau sponsor. La première année, c’était merveilleux parce qu’on récupère un super bateau (Macif, vainqueur du Vendée Globe 2012/2013). Mais pour notre première course, la TJV 2015 avec Michel Desjoyeaux, on a une avarie. Sur la transat de retour, j’ai un accident et on manque de perdre le bateau. Je suis blessé, en rééducation… Dès le début, ils sont passés par les pires choses qui puissent arriver en course au large. Ils ont rapidement compris que ce n’était pas un sport comme les autres. Que le résultat n’est pas tout mais que c’est aussi et surtout une aventure humaine. L’année 2016 est celle de la préparation du Vendée. C’est une année incroyable. En sortant de rééducation, je termine The Transat (4e) et je finis NY-Les Sables 4e alors que le plateau est très relevé. Et derrière je fais un super début de Vendée Globe [SMA est 3e avant l’abandon]. Tous les voyants sont au vert et boum ! on reprend une avarie. Ça redevient une année difficile… Puis en 2017, on repart sur quelque chose de positif. On joue beaucoup avec les émotions en voile ! On a vécu les bons et les mauvais moments ensemble et ça a renforcé le lien entre nous. Notre histoire nous permet de savourer d’autant plus cette 2e place. Notre accord ira jusqu’à la Route du Rhum 2018 mais on réfléchit déjà à autre chose.


Les autres articles sur la TJV : 

Transat Jacques-Vabre : comme un jour sans fin

Transat Jacques-Vabre : coup de tonnerre à Madère

Transat Jacques-Vabre : bataille à tous les étages

Transat Jacques-Vabre (4/4) – Paul Meilhat : « La dernière chance pour un Imoca sans foils de gagner »

Transat Jacques-Vabre (3/4) – Sébastien Josse : «Sur Gitana, on commence à accélérer à 35 nœuds »

Transat Jacques-Vabre (2/4) – Erwan Leroux : « Le premier grand test pour la

Transat Jacques-Vabre (1/4) – Phil Sharp : « On y va pour gagner »


Viewing all articles
Browse latest Browse all 9

Latest Images

Trending Articles





Latest Images